La tâche principale de la nouvelle Commission européenne est de faire progresser la transition énergétique verte de manière à favoriser l’unité et à réduire les inégalités sociales, en particulier en Europe centrale et orientale (ECO) – une région particulièrement exposée à la polarisation et à la désinformation climatique.
Il y a un an, des dizaines de milliers d’agriculteurs européens sont descendus dans la rue pour protester contre la politique climatique de l’UE. Les voix eurosceptiques d’extrême droite ont gagné du terrain, y compris au Parlement européen. Dans le même temps, la hausse des prix de l’énergie et la détérioration des conditions de logement ont rendu de nombreuses communautés vulnérables à la désinformation, qui sème le doute sur les objectifs climatiques de l’UE. Ces défis ne sont nulle part plus évidents que dans les PECO, où les enjeux d’une transition énergétique juste sont particulièrement élevés.
Les commissaires nouvellement élus du CEE comprennent cette dynamique mieux que quiconque. C’est pourquoi il est essentiel que, tout en faisant progresser les objectifs climatiques de l’UE, ils mettent l’accent sur la cohésion sociale et l’inclusion. Le Pacte vert pour l’Europe et Fit for 55 fixent une trajectoire claire, mais le chemin à parcourir nécessite l’unité et l’attention portée aux personnes les plus exposées, en particulier aux travailleurs et aux ménages en situation précaire.
Un effort d’équipe
L’Europe centrale et orientale représente environ un quart de la population de l’UE – une part importante qui porte à la fois influence et responsabilité. Cependant, la région s’est souvent rabattue sur le « jeu du blâme de Bruxelles », détournant ainsi la responsabilité des inefficacités nationales. Ce jeu est terminé : les PECO doivent désormais assurer une absorption plus fluide des fonds, un meilleur effet de levier des financements privés, des opportunités d’investissement pour tous et des politiques progressistes.
Surtout qu’il existe un nouveau jeu – meilleur – pour les PECO : il s’appelle la coopération. Les portefeuilles des commissaires du CEE sont profondément interconnectés, offrant une voie pour une collaboration fructueuse. Le travail d’Ekaterina Zaharieva visant à encourager la recherche et les startups complète le mandat de Jozef Síkela visant à établir des partenariats internationaux pour la sécurité énergétique. PIotr Serafin, qui gère le budget de l’UE, a le pouvoir de garantir que les fonds soient affectés efficacement, y compris aux initiatives sociales de Roxana Minzatu. Le rôle de Maroš Šefčovič en matière de commerce et de sécurité économique peut aligner les intérêts économiques sur les objectifs climatiques, garantissant ainsi que compétitivité et durabilité vont de pair. Ensemble, ces dirigeants disposent des outils nécessaires pour façonner une transformation énergétique qui profite à l’ensemble de la région.
Financer l’unité, pas la division
L’un des principaux défis des commissaires sera de garantir que les fonds européens soient utilisés pour promouvoir la cohésion plutôt que la division. Le Fonds pour une transition juste, le Fonds de cohésion et le Fonds social pour le climat ont déjà soutenu des investissements transformateurs dans la région. Il est désormais impératif d’étendre ces initiatives de manière stratégique. La simple distribution de liquidités non ciblées risque de compromettre les progrès. Au lieu de cela, ces fonds doivent combler la fracture énergétique, en particulier dans les PECO qui restent fortement dépendants des combustibles fossiles et manquent d’infrastructures solides en matière d’énergies renouvelables.
Josef Síkela et Piotr Serafin ont un rôle essentiel à jouer pour garantir que les investissements correspondent aux réalités socio-économiques de la région tout en faisant progresser la durabilité. Dans le même temps, la Commission européenne doit faire respecter la responsabilité, en liant le financement aux engagements en matière d’état de droit. Et surtout, les autorités locales et la société civile – moteurs de longue date de la transition verte – devraient également avoir davantage leur mot à dire dans l’élaboration de ces mécanismes financiers.
Faire face à la crise du coût de la vie
L’escalade de la crise du coût de la vie a rendu les enjeux de la transition verte encore plus importants. La hausse des prix de l’énergie, la pauvreté croissante et la détérioration des conditions de logement menacent les fondements sociaux nécessaires à une transition énergétique équitable. Roxana Minzatu, qui dirige les efforts sur le Fonds social pour le climat, joue un rôle essentiel dans le soutien aux ménages à faible revenu, une tâche particulièrement urgente dans les PECO, où la pauvreté énergétique est souvent plus aiguë que dans le reste de l’UE. Son travail s’aligne sur le leadership de Dan Jørgensen au sein du nouveau groupe de travail pour le logement, visant à décarboniser le chauffage et la climatisation résidentiels d’une manière socialement équitable. Ensemble, leurs initiatives peuvent garantir qu’aucune région, en particulier dans les PECO, ne soit laissée pour compte.
L’impératif social des politiques énergétiques de l’UE
Dans le cadre de cet effort de transformation, l’UE fait également progresser des initiatives telles que le Clean Industrial Deal et l’ETS2, qui visent à décarboner les industries et à créer des emplois verts. Si ces politiques offrent des opportunités significatives, elles présentent également des risques sociaux et économiques, en particulier pour les PECO. Les nouveaux commissaires doivent donner la priorité à la résolution de ces problèmes. Par exemple, l’accent mis par Ekaterina Zaharieva sur la réduction de la fragmentation dans les secteurs d’innovation pourrait permettre aux startups et aux PME de développer les technologies vertes cruciales pour la décarbonation. Pourtant, cette tâche ne relève pas des portefeuilles individuels. Un effort unifié est nécessaire pour garantir que ces politiques améliorent les communautés plutôt que d’aggraver les inégalités.
Un avenir vert partagé
La transformation énergétique de l’Europe doit rassembler les citoyens et non les diviser. Pour la région des PECO, cela signifie trouver un équilibre entre les impératifs environnementaux et la justice sociale, en veillant à ce que la transition élève les travailleurs, renforce les communautés et favorise la cohésion au-delà des frontières. Les nouveaux commissaires des CEE ont une occasion unique de diriger cette charge, en tirant parti de leurs portefeuilles interconnectés pour aligner les objectifs économiques, sociaux et environnementaux. En donnant la priorité à la coopération et à l’équité, ils peuvent garantir que la transition verte ne devienne pas seulement une nécessité mais une réussite commune pour l’Europe dans son ensemble. Et notre rôle, en tant que représentants de la société civile, sera de procéder en permanence à un « contrôle de la réalité » – de vérifier si les politiques sont correctement mises en œuvre et d’évaluer leur efficacité. Nous devons également veiller à ce que les institutions européennes tiennent compte des différences entre les États membres et exploitent au maximum leur potentiel. La Commission européenne – qui n’a pas nécessairement été très active dans la communication des avantages des politiques européennes aux « personnes sur le terrain » – devrait se concentrer davantage et développer de meilleurs outils pour expliquer et même promouvoir les politiques de l’UE auprès des citoyens. Si ces tâches sont bien accomplies, la région ECO peut être une réussite et un moteur de la transition énergétique en Europe.