Les Nations Unies (ONU) ont tiré la sonnette d’alarme vendredi sur la détérioration de la situation humanitaire à El Fasher, au Soudan, où un siège de plusieurs mois par les Forces de soutien rapide (RSF) a dévasté des vies et des infrastructures.
Selon le rapport du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH), plus de 782 civils ont été tués et 1 143 blessés depuis mai 2024, et des milliers d’autres sont coincés dans la ville. Les témoignages recueillis par le HCDH soulignent le caractère aveugle des attaques, notamment le ciblage délibéré de zones civiles et d’établissements de santé. Les récits des survivants ont révélé une ville constamment bombardée, avec des habitants contraints d’abandonner leurs maisons au milieu de nombreux pillages et violences perpétrés par les forces de RSF.
Les victimes et les témoins interrogés par le HCDH en octobre et novembre 2024 ont décrit des civils coincés par d’intenses combats dans des quartiers résidentiels, sans aucune possibilité d’évacuer avant le début des hostilités en avril 2024. Les activités de surveillance du HCDH ont également indiqué que des dizaines de personnes avaient été arrêtées par les forces conjointes dans un établissement informel, accusé de collaboration présumée avec les RSF, les détenus étant privés du droit d’informer leur famille ou de bénéficier d’une assistance juridique. Parmi les autres abus signalés figurent la torture, les mauvais traitements, les violences sexuelles et basées sur le genre, ainsi que les disparitions, qui étaient souvent motivées par des raisons ethniques.
Les attaques contre des infrastructures critiques à El Fasher ont intensifié les souffrances des civils. La maternité Al-Saudi, qui fournit des services chirurgicaux et de santé reproductive essentiels, a été bombardée à plusieurs reprises. Lors d’une de ces attaques, le 22 juin 2024, un obus de RSF a touché la pharmacie de l’hôpital et tué cinq civils, dont un pharmacien. Des attaques similaires ont également visé le camp de déplacés de Zamzam, abritant des centaines de milliers de personnes déplacées, faisant au moins 15 morts.
Jeudi, trois membres du personnel du Programme alimentaire mondial (PAM) ont été tués dans un bombardement aérien dans l’État du Nil Bleu. La directrice exécutive du PAM, Cindy McCain, a condamné l’attaque, déclarant : « Toute perte de vies humaines dans le cadre du service humanitaire est inadmissible ».
La crise croissante des réfugiés soudanais exerce également une pression sur le Soudan du Sud voisin. Plus de 80 000 réfugiés sont arrivés en seulement trois semaines, rejoignant plus d’un million de personnes déjà en quête de sécurité. Le HCDH met en garde contre une aggravation de la crise humanitaire dans les zones frontalières en raison d’un tel afflux de réfugiés, exacerbé par un financement insuffisant.
Les responsables de l’ONU ont exhorté toutes les parties au conflit à cesser les hostilités et à permettre un accès humanitaire sans entrave. La communauté internationale a été appelée à intensifier ses efforts de médiation et à garantir le respect des embargos sur les armes en vigueur. Alors que la guerre au Soudan entre dans son 20e mois, le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a réitéré la nécessité urgente d’un cessez-le-feu et de la responsabilisation des violations.