Le Comité européen des droits sociaux (CEDS) a conclu lundi dans une décision que la législation espagnole n’offre pas une protection adéquate aux travailleurs confrontés à un licenciement sans motif légitime et viole ainsi la Charte sociale européenne révisée.
Français Dans un arrêt concernant la réclamation collective Unión General de Trabajadores (UGT) c. Espagne, réclamation n° 207/2022, dans laquelle le syndicat affirmait que le mécanisme d’indemnisation pour licenciement abusif ne permet pas une indemnisation adéquate pour couvrir le préjudice subi, le Comité européen des droits sociaux (CEDS), le 28 mars 2024, par 13 voix contre 1, a estimé que la législation espagnole violait l’article 24. b de la Charte sociale qui garantit « le droit des travailleurs licenciés sans juste cause à une indemnisation adéquate ou à toute autre réparation appropriée ». Le CEDS estime que les montants d’indemnisation fixés par la législation espagnole ne sont pas suffisamment élevés pour compenser le préjudice. Le Comité a également noté que toute restriction du montant de l’indemnisation qui empêche l’indemnisation d’un préjudice proportionné est contraire à la Charte sociale.
La Charte sociale européenne est un traité du Conseil de l’Europe signé à Turin le 18 octobre 1961 et amendé en 1996. Il garantit un large éventail de droits de l’homme au quotidien, notamment ceux liés à l’emploi et à la sécurité sociale. Il met l’accent sur la protection des personnes vulnérables et exige que la jouissance des droits qui y sont définis soit garantie sans discrimination. Le Comité européen des droits sociaux est l’organe de contrôle de la Charte, qui mène des procédures telles que des rapports nationaux et des réclamations collectives pour évaluer le respect par les États signataires de leurs obligations au titre de la Charte.
L’Espagne a approuvé la Charte sociale européenne en 1980. En 2021, elle a approuvé la Charte révisée et, en 2022, elle a ratifié le Protocole additionnel prévoyant un système de réclamations collectives.
La réglementation du travail en Espagne est conforme à la législation nationale espagnole, qui comprend le Code du travail n° 2/2015, la Loi sur la juridiction sociale n° 36/2011, le Code civil n° 206/1889 et la jurisprudence, ainsi qu’aux normes et standards internationaux.
Selon la législation nationale, un employé peut exiger la résiliation d’un contrat de travail en cas de changements importants dans les conditions de travail, de non-paiement ou de retard permanent du salaire ou de violation grave des obligations de l’employeur. Les raisons objectives de résiliation du contrat de travail comprennent le non-respect par l’employé du poste, les modifications techniques du poste, la liquidation du poste et autres. Un licenciement disciplinaire peut avoir lieu en cas de violation grave des obligations du travail par un employé. Si le licenciement est jugé abusif, l’employeur peut choisir entre la réintégration du salarié ou le versement d’une indemnité. Le salarié licencié a droit au salaire pour la période allant du licenciement au renouvellement ou à l’embauche pour un autre emploi. En cas de licenciement illégal d’un salarié, l’employeur est tenu de dédommager le salarié pour son salaire.
La pratique judiciaire montre également que les tribunaux accordent une indemnisation supplémentaire en cas de violation des droits et libertés fondamentaux, mais le montant de l’indemnisation peut varier en fonction des circonstances de l’affaire et des preuves.