Auteur: Intersentia
Le livre « Dommages collectifs et individuels » de Me Roel Verheyden, avocat chez Altius, a été publié chez Intersentia en mars 2023. Ce livre est structuré autour de la question de savoir comment le cadre juridique pour l’application de la responsabilité après la faillite d’une entreprise- L’entité juridique devrait chercher à atténuer le conflit d’agence sous-jacent entre les créanciers et le syndic, sans renoncer aux avantages des procédures collectives d’insolvabilité.
La première partie retrace de manière exhaustive la mise en œuvre de la responsabilité en Belgique dans un contexte de droit des faillites de la seconde moitié du XIXe siècle, notamment à travers l’analyse de la jurisprudence de la Cour de cassation sur la démarcation du préjudice collectif et individuel.
À travers une comparaison juridique externe avec les droits néerlandais, français et allemand, l’ouvrage examine ensuite quels paramètres déterminent si une action en responsabilité a un caractère collectif ou individuel après la faillite d’une entreprise, et quelles sont les implications de cette qualification (droits de réclamation du syndic et créanciers). , outils du curateur, répartition du produit des actions collectives, règlement en cas de coexistence entre actions individuelles et collectives, exécution dans le cadre du droit international privé et situation à la conclusion de la faillite).
La conclusion propose un certain nombre de modifications (juridiques) pour optimiser le cadre juridique actuel dans le domaine de l’application des actions en responsabilité contre des tiers après la faillite de l’entreprise, des exceptions que le tiers responsable peut invoquer et du financement des actions collectives. en cas de faillite, une masse dite de faillite vide.
‘Dommages collectifs et individuels‘ – 2023, ISBN 9789400015616, publié par Intersentia
Intersentia a interviewé l’auteur suite à cette publication.
Pouvez-vous décrire brièvement l’essence du livre ?
Parce que la faillite est la procédure de liquidation collective par excellence, dans laquelle les actifs de la faillite sont gérés par un administrateur neutre et où l’égalité de principe des créanciers est primordiale, j’ai voulu étudier la question de savoir si et dans quelle mesure les créanciers d’une entreprise en faillite supportent eux-mêmes la responsabilité de les tiers peuvent les appliquer et quels sont les obstacles juridiques qu’ils peuvent devoir surmonter. Ces questions sont au cœur de ce livre.
Afin d’avoir une bonne compréhension de la question, j’ai choisi de consacrer dans un premier temps un titre aux principes fondamentaux du droit de la faillite et au rôle du curateur. L’introduction aux principes fondamentaux du droit des faillites est nécessaire car la responsabilité d’un tiers qui a causé des dommages aux actifs de la personne morale n’apparaît généralement qu’après la faillite de l’entreprise. La faillite apparaît comme le moment idéal où la responsabilité des initiés (les dirigeants statutaires et effectifs et les actionnaires) de l’entreprise peut devenir réalité. Cependant, il n’est pas toujours facile de déterminer les causes (et les responsabilités) de la faillite, précisément parce que le curateur doit s’appuyer sur les mêmes initiés de l’entreprise pour la collecte d’informations.
De plus, les créanciers sont de facto « expropriés » si, après la faillite de l’entreprise, ils ne peuvent en aucune façon influencer ou contrôler la manière dont le syndic (n’entame pas) de réclamations légales contre la succession. Et même si le curateur se montre prêt à intenter une action en justice, dans de nombreux cas, la succession ne sera tout simplement pas en mesure de financer cette procédure, de sorte que toute action sera étouffée dans l’œuf. Si les dettes successorales ne peuvent être payées, la faillite sera même close sans préavis (art. XX.135 WER). Il est presque ironique que l’on écrive davantage sur la responsabilité des administrateurs (après une faillite ou autre) que sur les réclamations qui sont (peuvent être) déposées.
Pouvez-vous expliquer un peu plus la question de recherche et la méthode de recherche qui sont au cœur de votre livre ?
Tout d’abord, les enseignements de l’étude bibliographique ont débouché sur la question de recherche suivante : « À quoi devrait ressembler le cadre juridique concernant la mise en œuvre de la responsabilité après la faillite d’une personne morale, afin d’atténuer le conflit d’agence entre les créanciers et le syndic, sans renoncer aux avantages d’une procédure collective d’insolvabilité ?
Cette question centrale de recherche trouve une réponse à partir de deux sous-questions qui opérationnalisent et structurent la recherche :
i) « Quels paramètres déterminent si une créance (en responsabilité) a un caractère collectif ou individuel après la faillite d’une entreprise ? »
et ii) « Quelles sont les implications d’une qualification collective ou individuelle d’une réclamation (en responsabilité) pour son règlement ? »
Par ailleurs, la recherche menée est une étude classique, fondée sur une analyse de la jurisprudence et de la doctrine juridique. Il s’agit d’une enquête intradisciplinaire dans laquelle sont discutées les règles du droit des sociétés, du droit des contrats, du droit de l’insolvabilité et du droit pénal (procédural). L’ouvrage adopte également une approche juridique comparée : une étude de la répartition des pouvoirs entre curateur et créanciers en matière d’exécution de la responsabilité après faillite dans d’autres systèmes juridiques peut offrir des perspectives d’optimisation du système belge.
Votre livre se compose de deux parties clairement distinctes, quel en était le but ?
La première partie retrace l’évolution historique des règles entourant la responsabilité des initiés et la manière dont elles sont appliquées après la faillite de l’entreprise. Ces principes découlent de la doctrine du dommage collectif de la Cour de cassation, point de départ de la démarcation des notions de dommage collectif et individuel, et des droits d’initiative associés du curateur et des créanciers individuels. Cette partie est en fait autonome, dans le sens où elle contient tous les éléments qui sont analysés de manière systématique dans la deuxième partie.
Le système du droit actuel est donc au cœur de la deuxième partie. Après l’examen juridique comparatif des critères généraux et des fondements juridiques permettant de distinguer les créances collectives des créances individuelles au titre I, une analyse suit au titre II les implications de la qualification d’une créance en responsabilité comme collective ou individuelle pour son règlement. Le premier chapitre examine la relation entre les pouvoirs du curateur et les droits de participation des créanciers à l’exercice des actions collectives. Le chapitre 2 s’intéresse ensuite aux outils auxquels le conservateur peut faire appel en cas de besoin. La répartition du produit de l’action collective entre les créanciers solidaires est au cœur du chapitre 3. La coexistence entre une créance collective et une créance individuelle fait l’objet du chapitre 4. La qualification de la créance en responsabilité et le contenu des chapitres 1 à 4 déterminent la compétence et le droit applicable dans les litiges en responsabilité comportant un élément transfrontalier, de sorte que cet aspect n’est abordé que dans le chapitre 5. Enfin, le chapitre 6 étudie le règlement d’une action en responsabilité au moment et après la conclusion de la faillite de l’entreprise. l’entreprise, dans la mesure où cela ne se serait pas produit pendant la faillite.
Il est également frappant que vous proposiez à juste titre un certain nombre de changements radicaux, qui sont développés de manière très détaillée dans votre publication.
C’est effectivement le cas : les changements que je propose, sur lesquels je ne peux pas m’étendre brièvement, devraient mettre le thème de la bonne gouvernance des faillites à l’ordre du jour des acteurs concernés et donc stimuler un débat (académique et pratique) sur les droits des créanciers à participer à la gestion de la faillite d’une entreprise et au règlement des créances en responsabilité notamment, ainsi que sur les outils mis à la disposition du peu enviable curateur d’un domaine vide.