Auteur : Steffie Carels (De Groote – De Man)
Un arrêt de la Cour constitutionnelle autorise désormais également une allocation préférentielle pour les couples cohabitant légalement. Auparavant, cela n’était possible que pour les personnes mariées. Nous sommes heureux de vous l’expliquer plus en détail dans ce blog.
Lorsque les époux décident de divorcer, ils doivent également prendre une décision concernant le logement. Ils peuvent choisir de reprendre eux-mêmes la maison ou de la vendre à un tiers.
Dans le cas où les deux époux souhaitent reprendre le logement ou si l’un des époux refuse que l’autre reprenne le logement, la question se pose de savoir à qui le logement sera attribué.
Pour les conjoints, il existe la notion juridique d’attribution préférentielle.
Que signifie l’attribution préférentielle ?
L’attribution préférentielle signifie que l’un des époux, en cas de divorce, peut demander à reprendre le logement familial, moyennant éventuellement le paiement d’une majoration. Le notaire doit alors y répondre en priorité, afin que la maison ne doive pas être vendue. Si les deux parties souhaitent se voir attribuer le logement, le juge ou le notaire tiendra compte de circonstances différentes. Voici quelques exemples :
Intérêts familiaux : par exemple, la maison est plus proche de l’école pour les enfants. Exploitation d’activités professionnelles : un salon de manucure ou un entrepôt de travail situé à l’adresse du domicile. Motifs émotionnels : la maison appartient à la famille depuis des années, une personne a apporté davantage de ses propres ressources, étant proche des parents de l’une des parties, etc.
Pour plus d’informations : lire le blog Mythe ou vérité dans le divorce : je quitte mon domicile donc je perds mon droit au logement.
Comment cela fonctionne-t-il pour les couples cohabitant légalement ?
Les personnes qui vivaient légalement ensemble, mais n’étaient pas mariées, ne pouvaient pas demander cette attribution préférentielle du domicile familial.
La Cour constitutionnelle change cela avec l’arrêt du 20 juin 2024.
Le jugement est né d’une question préjudicielle du Tribunal de Première Instance de Liège, département de Verviers. Cette juridiction a demandé à la Cour constitutionnelle de se prononcer sur la différence de traitement entre les personnes mariées (en l’occurrence sous le régime de la séparation des biens) et les concubins légaux.
Selon l’article 2.3.14 du nouveau Code civil, les couples mariés, qu’ils aient opté pour le système de séparation des biens ou pour le système légal, peuvent demander au tribunal l’attribution préférentielle du domicile familial.
La loi ne prévoit cette allocation préférentielle que pour les personnes mariées ; les couples cohabitant légalement ne peuvent pas s’en prévaloir.
La Cour constitutionnelle a statué que l’exclusion des concubins légaux du régime d’attribution préférentielle constitue une violation des articles 10 et 11 de la Constitution.
Désormais, le système d’attribution préférentielle du logement familial pourra également s’appliquer aux couples cohabitant légalement, même si la loi ne le prévoit pas explicitement.
Source : De Groote – De Man