En retard octobre 2023, le Pakistan a testé un missile Ababeel pour la première fois depuis 2017. La décision du Pakistan de développer et de tester des missiles capables de plusieurs véhicules de rentrée indépendants (MIRV) comme l’Ababeel s’inscrit dans la politique du Pakistan de « dissuasion à spectre complet selon le principe d’un minimum crédible ». dissuasion.” L’Ababeel, a expliqué l’armée pakistanaise en 2017, a été développé pour assurer la « capacité de survie des missiles balistiques pakistanais ».
Le développement de tels missiles capables de MIRV est une réponse aux perceptions de menace émergeant de New Delhi, en raison des efforts de l’Inde pour développer et étendre son programme de défense antimissile balistique (BMD). Islamabad craint que l’opérationnalisation par l’Inde de ses systèmes BMD sur terre et en mer ne compromette considérablement la capacité du Pakistan à riposter à une première frappe indienne. Le Pakistan craint que le programme indien BMD, ainsi que les capacités de missiles améliorées de New Delhi, notamment en termes de vitesse et de précision, ne fassent partie d’une stratégie indienne visant à lancer des frappes contre-forces contre les forces de dissuasion pakistanaises. Par conséquent, l’objectif du développement d’Ababeel est de neutraliser la menace qu’un système BMD indien opérationnel fait peser sur la dissuasion du Pakistan et, à terme, sur la stabilité stratégique de l’Asie du Sud.
L’Inde développe actuellement un bouclier antimissile pour protéger ses centres de commandement et de contrôle, ses principaux centres de population et industriels, ainsi que ses infrastructures militaires critiques, notamment les sites de stockage de missiles, les aérodromes et les grands cantonnements. Le programme indien BMD a débuté au années 1990avec le premier intercepteur testé le 7 novembre 2006faisant du pays le quatrième pays à tester le missile anti-balistique après les États-Unis, Israël et la Russie.
L’Inde a un à deux niveaux système de défense antimissile balistique, composé d’intercepteurs Prithvi Air Defence Vehicle (PAD)/Prithvi Defence Vehicle (PDV) et Ashwin Advanced Air Defence (AAD). Le premier peut intercepter des missiles à des altitudes exo-atmosphériques comprises entre 50-180 kilomètres, tandis que ces derniers peuvent détruire des missiles à des altitudes atmosphériques (endo-atmosphériques), comprises entre 20-40 kilomètres. Les deux intercepteurs ont été testés avec succès à plusieurs reprises.
Selon des sources médiatiques indiennes citant des responsables de la défense indienne, la première phase de la BMD indienne sera bientôt déployée et le système protégera dans un premier temps deux grandes villes : New Delhi, la capitale, et Mumbai, un centre d’affaires clé.
Essais de phase 2 du système BMD a commencé le 2 novembre 2022, lorsque l’Inde a testé avec succès l’intercepteur AD-1, capable de intercepter missiles balistiques à longue portée dans des conditions exo-atmosphériques et endo-atmosphériques basses. Le nouvel intercepteur sera augmenter la portée d’interception jusqu’à 5 000 km, une amélioration significative par rapport à la portée de 2 000 km de la phase 1, selon Janes, citant des responsables de l’Organisation indienne de recherche et de développement pour la défense (DRDO).
Pour soutenir le suivi et le ciblage des projectiles entrants, l’Inde construit un site radar BMD à Udaipurqui devrait devenir opérationnel d’ici 2024, avec d’autres sites au Rajasthan et Madhya Pradesh. Les sites sont en cours d’aménagement pour accueillir le radar de poursuite à longue portée (LRTR), le Espadonune variante avancée du radar israélien Green Pine.
En outre, l’Inde souhaite aller plus loin et ajouter une branche maritime à son système BMD. Cet effort est évident dans les efforts indiens visant à aller au-delà de sa capacité de lancer des intercepteurs à partir de lanceurs terrestres pour atteindre désormais la capacité de lancer des intercepteurs à partir de navires de guerre. L’Inde a démontré cette capacité pour la première fois en avril, en tirant un intercepteur endo-atmosphérique basé en mer. Il a été lancé par INS Anvesh, chargé l’année dernière de tester les essais de phase 2 de la BMD, en l’occurrence les essais en mer. Cette plate-forme est un dispositif provisoire pour tester et valider les intercepteurs BMD basés en mer avant que l’Inde ne déploie le système sur les navires de guerre indiens.
Le dernier test Ababeel au Pakistan peut être considérée comme une réponse à l’expansion continue de l’Inde de ses capacités BMD. Le lancement de la deuxième phase du programme indien de défense anti-missiles a sans doute incité le Pakistan à faire un essai.
Sur le papier, un système BMD ressemble à un projet défensif, mais il s’agit en réalité d’un développement offensif. Dans ce cas, la BMD est un élément essentiel de la stratégie nucléaire indienne consistant à lancer des frappes préventives sur les cibles de contre-force du Pakistan tout en restant à l’abri des représailles nucléaires du Pakistan.
Ababeel est un moyen de dissuasion en cours d’élaboration pour réduire les Indiens contrer les tentations, qui s’intensifient à mesure que le programme BMD se développe. Cela se voit dans les efforts indiens visant à diversifier ses systèmes de livraison, et efforts persistants réduire la probabilité d’erreur circulaire (CEP) pour améliorer la précision, réitérant ainsi la présence d’une stratégie de contre-force. Le développement de Agni-Pun missile balistique à moyenne portée développé par le DRDO avec un CEP signalé de seulement 10 mètres, illustre les intentions indiennes.
Une fois que les intercepteurs terrestres et maritimes de l’Inde seront opérationnels, ils perturberont la vulnérabilité mutuelle qui existe entre les deux États en réduisant l’efficacité d’une frappe de représailles. Le tir de l’intercepteur AD-1 l’année dernière, et le lancement en mer de cette année dans le cadre des essais de phase 2 du système BMD indien, étaient une tentative de l’Inde d’ouvrir la voie à une première frappe, érodant ainsi la dissuasion pakistanaise. La démonstration de l’efficacité de l’AD-1 depuis des plates-formes terrestres et maritimes renforcera considérablement la capacité indienne à intercepter les missiles.
Ainsi, les efforts du Pakistan pour développer et démontrer davantage les capacités d’Ababeel visent à maintenir sa menace crédible et à indiquer à l’Inde que le Pakistan protégera sa souveraineté et sa territorialité à tout prix et ne se soumettra pas à la coercition indienne. Le récent test démontre la détermination du Pakistan à empêcher l’Inde de déstabiliser la région en développant et en déployant un système BMD efficace.