Avant les années 1970, la PAF s’appuyait largement sur l’interception contrôlée au sol (GCI). C’est là qu’elle a utilisé des radars de surveillance (tels que le britannique Type 21 et le FPS-20 américain) pour coordonner les avions de combat afin d’intercepter les menaces aériennes. Bien qu’elle utilisait également des canons anti-aériens (AAG), les chasseurs intercepteurs étaient le principal moyen de la PAF pour neutraliser les avions ennemis intrus.
Cependant, la PAF était consciente de l’adoption croissante des SAM qui, dans les années 1970, ont poussé les dirigeants de la PAF à étudier une stratégie de défense aérienne plus robuste. Cela a conduit à la création du Commandement de la défense aérienne du Pakistan en 1975 et, peu de temps après, en 1976, au lancement du « Projet Crystal », un programme organisé pour construire un GBADS intégré.
Dans le cadre du Projet Crystal, le PAF acquis 45 radars mobiles à impulsions-Doppler (MPDR) de la société allemande Siemens (acquise/absorbée depuis par Hensoldt), six centres de contrôle et de reporting (CRC) et six radars de surveillance aérienne AN/TPS-43 en provenance des États-Unis.
Parallèlement, la PAF a associé ses nouveaux radars à un certain nombre de systèmes SAM, à savoir la série Thales Crotale et, pendant une brève période, le HQ-2 chinois, basé sur le SA-2 russe.
Bien qu’il s’agisse d’un pas en avant significatif, l’environnement de défense aérienne de la PAF était principalement centré sur les systèmes de défense aérienne à courte portée (SHORAD). Il semblait que la PAF utilisait principalement les SAM pour défendre des installations, comme ses bases aériennes, et non pour la défense territoriale. Cette dernière serait toujours gérée par des avions de chasse.
Au cours de cette période, l’AP et le PN ont également commencé à investir dans les SAM. L’AP s’était entièrement concentrée sur les systèmes portables de défense aérienne (MANPADS), probablement comme moyen de faire face aux avions volant à basse altitude, tels que les hélicoptères, ciblant son infanterie, ses blindés et son artillerie. Dans les années 1980 et 1990, l’Autorité palestinienne a utilisé une large gamme de MANPADS, notamment le FIM-92 Stinger américain, le Mistral français et le Saab RBS-70.
Il est intéressant de noter que le programme de défense aérienne de la PN a pris un essor assez important dans les années 1980, lorsqu’elle a loué quatre frégates de classe Brooke aux États-Unis. La frégate de classe Brooke était équipée du SAM RIM-66 Standard-I, un système à moyenne portée capable de fournir une couverture anti-aérienne sur une large zone.
Cependant, lorsque la PN a renvoyé ces frégates aux États-Unis, elle n’a pas été en mesure de remplacer le RIM-66 par un système similaire ou comparable. Au lieu de cela, le PN a acquis des frégates Type-21 d’occasion du Royaume-Uni et, à son tour, a équipé la moitié d’entre elles du SAM à courte portée LY-60 en provenance de Chine. En effet, la capacité de guerre anti-aérienne (AAW) du PN a régressé d’une couverture de zone via le RIM-66 à une défense essentiellement ponctuelle. Le PN a finalement réussi à remplacer le RIM-66 via le Frégate multimission de classe Tughril ou de type 054A/P équipée d’un LY-80, acquise auprès de la Chine à partir de 2022.
Les capacités limitées de défense aérienne du Pakistan découlent probablement de deux facteurs principaux.
Premièrement, chaque arme militaire s’est concentrée sur le renforcement de ses capacités offensives de base au moyen de plates-formes majeures, telles que des avions de combat et des sous-marins. La PAF, par exemple, souhaitait remplacer les premiers chasseurs de la guerre froide, tels que le Chengdu F-7 (c’est-à-dire le MiG-21 de construction chinoise) et le Dassault Mirage III/5, par des plates-formes multirôles dotées de technologies contemporaines. Le La pièce maîtresse de cette initiative était le JF-17qui a probablement absorbé la majeure partie des ressources du PAF dans les années 1990 et 2000.
Deuxièmement, le Pakistan manquait tout simplement d’options pour des SAM efficaces à moyenne et longue portée. L’Amérique et la Russie n’étaient pas disposées à proposer des solutions, et les produits européens étaient généralement trop chers. Il n’est donc pas du tout surprenant que les investissements les plus importants du Pakistan dans la défense aérienne aient coïncidé avec la montée en puissance de la Chine et de la Turquie en tant que fournisseurs de solutions expertes en matière de technologie radar et SAM.
Dans ce contexte, le Pakistan a dû utiliser ses ressources limitées là où il comprenait qu’il pouvait avoir le plus grand impact, d’où l’investissement dans des plates-formes majeures, comme des chasseurs multirôles, des sous-marins, des chars et de l’artillerie. On avait probablement le sentiment que l’exploitation en grand nombre de plates-formes modernes (surtout dans un contexte d’armes nucléaires) contribuerait à dissuader l’Inde.