Le ministère de la Justice et le ministère de l’Intérieur de Singapour ont présenté au Parlement le projet de loi de 2024 sur la procédure pénale (amendements divers), visant à instituer de nouvelles règles pour les examens médico-légaux (FME) et permettant la détention pour une durée indéterminée des délinquants sexuels graves.
Le projet de loi définit les FME comme « des examens médicaux physiques, des prélèvements d’échantillons corporels sur n’importe quelle partie du corps, des prises de photographies, des moulages et des empreintes de parties du corps, qui peuvent inclure des parties intimes », effectués uniquement par des professionnels de la santé. Ces examens sont utilisés dans les affaires d’agression sexuelle, ce qui constitue la priorité des ministres puisqu’ils citent deux cas antérieurs où de tels examens ont été utilisés pour identifier des suspects accusés respectivement de viol et de pédophilie.
Les règles FME proposées régissent la collecte auprès de l’accusé et de toute victime présumée.
Pour les accusés, la législation proposée permettra à la police d’« exiger que les accusés se soumettent à une FME » lorsque cela est pertinent pour leur enquête et lorsque l’infraction est « raisonnablement soupçonnée d’avoir été commise ». Le refus d’un accusé de participer à l’examen sera passible d’une amende et d’une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à 7 ans. De plus, si l’accusé ne dispose pas d’une « excuse raisonnable » pour ne pas participer à l’interrogatoire, un tribunal peut « tirer des conclusions négatives » contre lui dans le cadre d’une procédure pénale. Le projet de loi autorise également le recours à la « force raisonnablement nécessaire » pour obtenir un FME, mais limite le recours à la force lorsque l’examen implique des parties intimes ou des procédures invasives telles que des prélèvements buccaux.
Le consentement sera « généralement requis » pour effectuer une FME sur une victime présumée. Cependant, des limites surviennent en fonction de l’âge, de l’état mental et physique de la victime et des retards dans le consentement qui pourraient en fin de compte entraver le résultat du FME. L’âge consentant pour subir une FME est de 16 ans ou plus. Entre 14 et 15 ans, le consentement de la victime et d’un parent/tuteur est requis, et, si elle a moins de 14 ans, le consentement d’un parent ou tuteur est uniquement requis. Le consentement peut toutefois être annulé si la police a des « motifs raisonnables de croire » que la victime est incapable de consentir compte tenu de son état, si le parent/tuteur fait l’objet d’une enquête à ce sujet, si le parent/tuteur s’est abstenu de donner son consentement ou si des retards dans le consentement entraveraient le résultat du FME.
Le projet de loi prévoit également une réforme de la détermination des peines, proposant d’abolir les peines de formation corrective (CT) et de modifier le régime de détermination des peines de détention préventive (PT) en peines de protection publique (SPP). Le projet de loi introduit également un nouveau régime, la peine pour une protection publique renforcée (SEPP).
Les PPS abaisseraient le seuil de détermination de la peine du PT de 30 à 21 ans et créeraient une peine fixe de 5 à 20 ans. Dans le cadre du SPP, le ministre de l’Intérieur peut libérer un prisonnier une fois que les deux tiers de sa peine ont été purgés. Les SEPP, en revanche, sont plus stricts et destinés aux crimes sexuels graves, l’accusé étant âgé d’au moins 21 ans. Une peine minimale peut être comprise entre 5 et 20 ans, ou à perpétuité et, une fois purgée, s’il ne peut pas être libéré, le prisonnier peut être détenu « jusqu’à perpétuité », sous réserve d’un examen par le ministre de l’Intérieur.
Ces mesures proposées font suite à des critiques internationales en août dernier, lorsque des experts des droits de l’homme de l’ONU ont exhorté Singapour à mettre fin à ses « châtiments cruels et inhumains » d’exécutions contre les personnes reconnues coupables de trafic de drogue.
Le projet de loi proposé fera l’objet de deux autres lectures au Parlement, où ont généralement lieu le débat et les amendements. En cas de succès à ces trois étapes, le projet de loi sera soumis au président pour approbation.