L’usufruit est le droit de jouir temporairement d’un bien dont quelqu’un d’autre a la nue-propriété. Cela signifie que l’usufruitier peut jouir de l’usage et des revenus du bien, tandis que le nu-propriétaire en conserve la propriété.
Par exemple, après le décès d’un partenaire, le partenaire restant (l’usufruitier) peut avoir le droit de continuer à utiliser le logement familial et de bénéficier de ses avantages, comme les revenus locatifs. Toutefois, la destination du bien, telle que déterminée par le nu-propriétaire, doit être respectée.
Outre les biens immobiliers, l’usufruit peut également s’appliquer aux actions d’une société. La donation de nue-propriété d’actions avec réserve d’usufruit est une technique appréciée en matière de planification successorale familiale. Cela permet au donateur de conserver le contrôle et les revenus des actions tout en transmettant la propriété à la génération suivante.
Usufruit sur actions : qui a quels droits ?
Lors du partage de l’usufruit et de la nue-propriété des actions, des questions importantes se posent souvent : qui est autorisé à voter à l’assemblée générale ? Qui reçoit le dividende ? Cette distinction entre droits d’adhésion et droits de propriété est cruciale.
Droits d’adhésion versus droits de propriété
Les actions en pleine propriété confèrent deux types de droits :
Droits d’adhésion, tels que le droit de vote à l’assemblée générale, le droit à l’information, le droit de question et le droit préférentiel. Droits patrimoniaux, tels que le droit aux dividendes et à tout solde de liquidation.
Lors de la répartition des actions en usufruit et nue-propriété, il faut déterminer à qui appartiennent ces droits.
Introduction du CAC et du nouveau droit immobilier
L’introduction du Code des sociétés et des associations (CAC) a encore clarifié les droits de l’usufruitier sur les actions. Selon les articles 5:22 et 7:26 CAC, l’usufruitier exerce tous les droits attachés aux actions, sauf convention contraire dans les statuts. Après tout, cette disposition relève du droit complémentaire, ce qui signifie que les parties peuvent y déroger.
En outre, le nouveau droit immobilier apporte également plus de clarté sur les droits de l’usufruitier. Les dispositions du droit immobilier sont impératives, ce qui signifie qu’il ne peut y être dérogé. L’article 3.138 du Code civil stipule que l’usufruit confère à l’usufruitier le droit temporaire d’usage et de jouissance d’un bien, tandis que le nu-propriétaire en conserve la propriété.
Bref, les règles du droit immobilier sont impératives lorsqu’elles concernent l’essentiel de l’usufruit (comme le droit aux fruits), mais le droit des sociétés permet des dérogations lorsqu’il s’agit de droits spécifiques attachés aux actions, comme le droit de vote. Ces différences peuvent coexister car le droit immobilier fixe des principes généraux, tandis que le droit des sociétés réglemente en détail les droits aux actions.
Fruits et rendements : quelle est la différence ?
Une distinction cruciale dans le nouveau droit de la propriété est celle entre les fruits et les bénéfices :
Le fruit est ce qu’un bien produit périodiquement sans affecter le capital du bien, comme les dividendes en actions. Les revenus, quant à eux, sont des revenus qui utilisent la valeur en capital de l’actif, par exemple lors de l’achat d’actions propres.
Selon les articles 3.146 et 3.147 du Code civil néerlandais, les fruits d’un bien, tels que les dividendes, reviennent à l’usufruitier. Toutefois, les revenus qui affectent la valeur en capital du bien reviennent au nu-propriétaire. Pour les actions, cela est précisé à l’article 1.163 du Code civil néerlandais, qui confirme que les droits de vote et autres droits d’adhésion appartiennent à l’usufruitier, tandis que le nu-propriétaire exerce le contrôle sur les décisions importantes en matière de capital.
Applications concrètes de l’usufruit sur actions
Droits des membres
Supposons que Piet fasse don de la nue-propriété de ses actions à son fils Karel, sous réserve d’usufruit. Cela signifie que Piet conserve son droit de vote et peut être présent à l’assemblée générale de la société, comme le confirme le CAC et le nouveau droit immobilier.
Cependant, Piet doit agir en personne prudente et raisonnable et ne peut abuser de son droit de vote. Karel, en tant que nu-propriétaire, dispose d’un droit à l’information et aux questions, ce qui lui permet d’obtenir les informations nécessaires sur les affaires de la société.
Il y a une discussion sur qui est autorisé à assister à l’assemblée générale. La majorité de la doctrine juridique prévoit que tant l’usufruitier que le nu-propriétaire peuvent être présents, afin que le nu-propriétaire puisse exercer son droit de contrôle et d’information. Toutefois, une minorité estime que le nu-propriétaire n’a pas le droit d’être présent.
Droits patrimoniaux
Si l’assemblée générale décide de verser un dividende pendant la durée de l’usufruit, les dividendes ordinaires reviennent à Piet en qualité d’usufruitier. Ces dividendes sont considérés comme des fruits et Piet y a donc droit.
Toutefois, si la société décide de réserver ses bénéfices sous forme de réserves de liquidation, ces bénéfices bénéficient du statut de capital. Dans ce cas, ceux-ci appartiennent en principe au nu-propriétaire, Karel.
Solutions possibles à l’insécurité juridique
Bien que les notions de « fruits » et de « recettes » soient impératives, il est toujours possible de conclure des accords précis sur la répartition de ces droits dans les statuts, une convention, une donation ou un testament. Cela peut être utile pour éviter des discussions ou une insécurité juridique.
Une autre solution couramment utilisée dans la pratique est l’apport de parts sociales dans une société, selon lequel les parts sociales sont données sous réserve d’usufruit. Cela garantit que lorsque les réserves sont distribuées, elles restent dans la société et que lors de la prochaine assemblée générale, la société peut les distribuer à titre de bénéfice à l’usufruitier.
Conclusion
L’usufruit sur actions est un instrument complexe mais efficace dans le cadre de la planification patrimoniale familiale. Les règles du CAC et le nouveau droit immobilier fournissent un cadre, mais il reste essentiel d’enregistrer soigneusement les modalités ou les accords dans les statuts ou les accords pour éviter toute insécurité juridique.