La résidente et coordinatrice humanitaire des Nations Unies au Soudan, Clementine Nkweta-Salami, a exprimé son choc face aux graves violations des droits de l’homme commises par les Forces de soutien rapide (RSF) samedi, après que le Réseau des médecins soudanais et les Nations Unies ont confirmé les attaques majeures lancées par le groupe paramilitaire.
Les attaques ont été commises dans l’État soudanais d’Aj Jazirah entre le 20 et le 25 octobre 2024. Des rapports préliminaires indiquent que les combattants de RSF se sont livrés à de vastes violations des droits humains et à des violations du droit international humanitaire (DIH). Des centaines d’habitants du village auraient fui leurs maisons après avoir subi des violences physiques et sexuelles, des menaces et des humiliations. Le Réseau des médecins soudanais a souligné les violences particulièrement graves dans le village d’Al-Suhra, où les forces affiliées à RSF auraient « commis un massacre contre des civils », entraînant la mort de 124 habitants.
Ces attaques marquent le dernier d’une série d’incidents violents attribués aux RSF et aux milices alliées, notamment les attaques de l’année dernière au Darfour occidental, tuant des centaines de civils dans ce qui a été décrit comme des « attaques à motivation ethnique ». Dans sa déclaration, Nkweta-Salami a établi des parallèles entre les graves violations des droits humains au Darfour occidental, qui comprenaient « des viols, des attaques ciblées, des violences sexuelles et des massacres », et les incidents survenus dans l’État d’Aj Jazirah. Le ciblage délibéré de civils et de structures civiles reste particulièrement alarmant, car il contrevient directement aux protections accordées par le DIH.
Le DIH fournit un cadre juridique complet pour atténuer les effets des conflits armés sur les individus, y compris les civils. Au centre de ce texte se trouvent la Convention et le Règlement de La Haye de 1907, ainsi que les Conventions de Genève et leurs Protocoles additionnels (PA) de 1949. L’article 3 commun aux Conventions de Genève exige que «[p]les personnes ne participant pas activement aux hostilités… seront en toutes circonstances traitées avec humanité, sans aucune distinction défavorable. Cette disposition, qui s’applique aux conflits armés non internationaux (CANI), qualifie des actes tels que la violence physique, le meurtre, les atteintes à la dignité de la personne, la prise d’otages et les arrestations arbitraires comme des violations graves du DIH. Le principe de distinction interdit en outre les attaques contre les infrastructures civiles. Le PA II, pertinent pour les CANI, garantit en outre la sécurité des civils dans les articles 4, 13 et 14, renforçant le fait que les vies civiles et les ressources essentielles sont protégées par la loi dans les zones de conflit.
La violence continue au Soudan a suscité de vives inquiétudes au sein de la communauté internationale. Un rapport de l’OEDH de septembre 2024 a révélé que les RSF et les Forces armées soudanaises (SAF) avaient commis de graves violations des droits humains depuis le début de la guerre civile en avril 2023. Cela a déclenché la prolongation de l’embargo sur les armes au Darfour dans le but de aggraver le conflit. Des recommandations supplémentaires incluent la coopération du Soudan avec la Cour pénale internationale pour étendre sa compétence sur l’ensemble du territoire du Soudan et la création d’un tribunal pénal hybride complémentaire pour traiter les violations graves, qui comprennent les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité.
Les RSF et les SAF ont commencé à se battre en 2021 à la suite d’un coup d’État militaire.
Le conflit prolongé met en danger des millions de civils. Selon les statistiques du Programme alimentaire mondial, 25,6 millions de personnes, soit plus de la moitié de la population soudanaise, sont en situation d’insécurité alimentaire, certaines zones étant exposées à un risque de famine. Alors que le pays est aux prises avec « la pire crise de déplacement au monde », l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés prévient que la situation humanitaire risque de se détériorer davantage si le conflit persiste.