Auteurs : Ingo Arnou et Klaas Denoulet (Bricks Advocaten)
Dans un article de blog précédent, nous avions déjà évoqué l’obligation d’information précontractuelle pour les entreprises qui souhaitent appliquer leurs conditions générales aux consommateurs.
Mais comment une entreprise doit-elle s’assurer que ses conditions générales s’appliquent effectivement à un contrat avec un consommateur ?
Depuis le 1er janvier 2023, les dispositions légales en la matière ont été renforcées avec l’introduction de l’article 5.23 du nouveau Code civil.
Préavis
La première condition d’opposabilité des conditions générales est que le consommateur ait pu en prendre connaissance préalablement à la conclusion du contrat. Cela signifie que les conditions générales doivent être fournies au consommateur au plus tard au moment de la conclusion du contrat. Si les conditions ne sont partagées qu’après coup (par exemple sur une facture), elles ne sont en principe pas contraignantes pour le consommateur.
De plus, les conditions générales doivent être clairement lisibles et compréhensibles. Les conditions générales rédigées en petits caractères, dans une couleur peu claire ou dans une langue étrangère ne sont souvent pas juridiquement valables, car elles n’offrent pas au consommateur la possibilité d’en prendre connaissance de manière raisonnable. Une référence aux conditions générales publiées ailleurs (par exemple sur un site Internet ou dans un local commercial physique) n’est pas non plus suffisante si celles-ci ne sont pas explicitement communiquées en annexe.
Il est toutefois de sa propre responsabilité de savoir si le consommateur prend effectivement ou non connaissance du contenu des conditions générales par sa lecture effective.
Acceptation : explicite ou tacite
En plus d’en prendre connaissance, le consommateur doit également avoir accepté les conditions générales.
L’acceptation peut s’effectuer de deux manières :
Acceptation explicite : Le consommateur accepte explicitement les conditions générales, par exemple en signant un devis ou en acceptant explicitement lors d’un processus de commande en ligne. Acceptation tacite : Dans certains cas, l’acceptation peut être tacite. C’est le cas lorsque le comportement du consommateur ne peut être interprété autrement que comme un accord sur les conditions.
Il va sans dire que l’acceptation explicite entraînera ensuite le moins de discussions.
Il est donc conseillé de toujours demander l’approbation expresse du consommateur sur vos conditions générales.
Conseils pratiques pour les entrepreneurs
Pour vous assurer que vos conditions générales sont correctement appliquées et opposables aux consommateurs, vous pouvez suivre les étapes suivantes :
1. Fournissez vos conditions générales en temps opportun : envoyez toujours vos conditions générales au consommateur avant la transaction, par exemple en pièce jointe à un e-mail contenant l’offre ou l’offre.
2. Indiquez explicitement les conditions dans le contrat : en plus des conditions générales elles-mêmes, vous pouvez inclure des clauses spécifiques concernant la notification et l’acceptation dans d’autres documents contractuels, comme par exemple un bon de commande. Cela peut vous aider à répondre aux exigences légales et à renforcer votre position dans un éventuel litige.
3. N’utilisez pas de simple lien hypertexte : Une simple référence aux conditions générales via un lien hypertexte n’apporte pas une certitude suffisante. Il est préférable d’envoyer les conditions directement en pièce jointe ou de les remettre physiquement.
4. Fournissez des termes lisibles et compréhensibles : évitez les petites polices, la terminologie difficile ou les langues étrangères. Le consommateur doit être capable de lire et de comprendre réellement les termes et conditions.
Situations spécifiques : B2B versus B2C
Dans un contexte B2B, on peut supposer que la contrepartie professionnelle est familiarisée avec la pratique consistant à mentionner les conditions générales au dos d’une facture. C’est différent pour les consommateurs (B2C), mais on ne peut pas s’attendre à ce qu’un profane soit familier avec de telles pratiques. Dans de tels cas, le consommateur ne peut être lié par les conditions figurant au verso d’une facture si celles-ci ne sont pas explicitement mentionnées au recto.
Conséquences en cas de non-conformité
Que se passe-t-il si l’entreprise ne respecte pas les exigences de notification et d’acceptation ?
Dans ce cas, le consommateur n’est pas lié par les conditions générales et toutes les clauses restrictives ou conservatoires dont bénéficierait l’entreprise deviendront caduques.
Cela peut avoir des conséquences juridiques et financières importantes, par exemple en cas de litige concernant les conditions de livraison, la responsabilité ou la garantie.
Source : Bricks Advocaten